Accéder au contenu principal

Le secteur automobile aux États-Unis passe à la vitesse supérieure… sans danger ?

Le sauvetage de l’industrie automobile américaine, qui a coûté 80 milliards de dollars et s’est traduit par de nombreux licenciements, a traumatisé les États-Unis. Aujourd’hui, les constructeurs retrouvent leur compétitivité et profitent de la reprise de la croissance américaine (prévue à 2,9% en 2015). La filière s’est relevée et la demande est en partie engendrée par un accès au crédit facilité, mais à quel prix ? En 2015[1], le modèle Coface prévoit une hausse des ventes de 3,8%, un niveau soutenu mais nettement moins élevé qu’au cours des années passées. L’automobile doit rester tourné vers l’avenir et envisager sa mutation, afin de répondre aux nouveaux défis qui se dressent devant lui.



Après avoir chuté de 35% au moment de la crise, les ventes automobiles aux Etats-Unis ont retrouvé en 2014 leur niveau de 2007. Certes, la récente baisse du prix du cours du pétrole (-48% en 2014) y contribue. Mais cette reprise d’un secteur sinistré au moment de la crise est aussi portée par 2 atouts majeurs.

En premier lieu, la reprise de l’économie américaine a permis aux ménages de bénéficier de taux d’intérêt très bas : cette facilité d’accès au crédit augmente leur pouvoir d’achat et les aide à se rééquiper en véhicules. Cette amélioration de niveau de vie est aussi entraînée par une augmentation des salaires plus rapide que les prix. En effet, le taux de chômage ayant beaucoup baissé, les entreprises revalorisent leur main d’œuvre qualifiée. Tout ceci contribue à renforcer la confiance des ménages américains dans leur économie.

Ensuite, le contexte économique favorable permet aux entreprises du secteur de relocaliser la production dans le pays. L’investissement dans une automatisation plus grande des méthodes de production réduit la corrélation entre le salaire et l’endroit de la production. Ainsi, les plus grands constructeurs et équipementiers mondiaux, à de rares exceptions près, sont implantés aux Etats-Unis. Les pouvoirs publics ont fortement aidé le secteur, en maintenant un taux directeur bas et en lançant des politiques de soutien : « primes à la casse », soutien des deux grands constructeurs américains (injection de près de 80 milliards de dollars chez GM et Chrysler).

Mais la baisse du chômage oublie les jeunes catégories sur son passage. Les « Millennials[2] » ne sont pas totalement intégrés dans ce cercle vertueux et prolongent leurs années d’étude, afin de maximiser leur chance de trouver un emploi plus facilement. De ce fait, leurs capacités d’endettement sont déjà alourdies par les prêts étudiants : soit ils retardent leur achat de véhicule, soit ils deviennent des endettés à risque. En outre, ils semblent accorder moins d’importance à la possession d’un véhicule, privilégiant ainsi les moyens de transports alternatifs, fait étonnant au sein du pays de l’automobile-reine. Pour la catégorie des 20-29 ans, le nombre de titulaires du permis de conduire a baissé de 9% entre 1995 et 2010, signe d’une relative désaffection pour l’automobile.

D’autre part, il existe un revers de la médaille pour cette facilité d’accès au crédit à taux bas : les banques accordent plus de crédit aux catégories « subprimes », afin d’accroître la profitabilité de leurs créances. Sont alors concernés des ménages dits « à risque », et le nombre de défauts de paiement augmente significativement et continuera de croître en 2015.

Un autre signe de tension est à prévoir, la FED risquant de remonter son taux directeur cette année. Ceci ajoutera un handicap aux ménages endettés à taux variables, qui les poussent à devoir céder leur véhicule rapidement.

Les entreprises doivent adapter leur offre et définir un modèle pour cette nouvelle demande. C’est la dynamique des investissements en R&D qui sera déterminante dans une économie de l’offre qu’est l’automobile, où de nouveaux modèles participent directement à la hausse des ventes, en suscitant le désir des consommateurs.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les véhicules de plus de 10 ans ont désormais leur Cote Argus®

Depuis plus de 85 ans, la Cote Argus ® constitue la valeur de référence des voitures d’occasion , utilisée par les particuliers comme par les professionnels comme une base de négociation indispensable dans un marché en constante évolution. Une évolution qui se traduit par un fait constaté ces vingt-cinq dernières années : le vieillissement continu du parc automobile français. Alors que l'âge moyen des véhicules circulant sur les routes de France était de 5,8 ans en 1990, il est aujourd'hui de 8,5 ans, après avoir été établi à 7,3 ans en 2000. Ce phénomène s'explique par deux raisons principales : la qualité des véhicules, qui ne cesse de s'améliorer, augmente leur durée de vie ; la baisse du pouvoir d'achat des ménages français, qui ont au fil du temps ralenti le rythme de renouvellement de leur voiture. Dès lors, les véhicules d'occasion de plus de 10 ans tendent désormais à représenter une part significative des échanges en seconde main, au point de ...

Quand la FFSA remet en cause les journées circuit...

Initialement, la FFSA a émis une texte fin 2014 visant à réglementer les séries des types de véhicules sur les compétitions FFSA  : "ARTICLE II-A11 : Catégorie de véhicules. III-A11.1 Liste des véhicules admis :   Il n'est pas autorisé de mélanger des véhicules à roues découvertes avec des véhicules à roues couvertes par des ailes.   Le roulage simultané des véhicules de type "Tourisme ou GT", avec des véhicules de type "sport biplace ou monoplace" dont le poids est inférieur à 800 Kg, sera soumis à l'approbation préalable (ndl : on ne parle pas ici d'interdiction) de la fédération délégataire." Cette règle étant liée à la sécurité des circuits homologués par ses soins, la FFSA a également jugé opportun d'étendre cette règle de courses FFSA à l'organisation des journées circuits. La règlementation pour les journées circuits est née d'un simple copier-coller d'une règlementation pour les voitures...